luni, 20 august 2012

Prima sovietizare: încercarea de acaparare a Principatelor române de către ruşi dintre 1827 şi 1848 descrisă de Ion Ghica (XVI)


1848

L’Assemblée convoquée termine ses travaux en quelques semaines. Elle examine les comptes de l’année 1847 et vote le budget de l’année 1848.

Le mécontentement est arrivé au maximum par la manière d’administrer et d’être du Prince. Les ministres même parlent très haut et critiquent le gouvernement. La place de postelnic devenue vacante par la mort de Constantin Philippesco, Heresco est chargé par intérim de la Postelnicie tout en continuant ses fonctions de vestiar.

Le Prince témoigne son mécontentement et sa déconsidération contre les hommes qui ont quelques sentiments de dignité et d’honneur. Il ne manque aucune occasion pour les persécuter. Les jeunes gens sont presque tous humiliés ou insultés par le Prince, à propos d’un bal, d’une loge au théâtre, de la promenade. Par là il les oblige à s’unir et à former un corps; ils deviennent tous naturellement une force disponible dont pourra s’emparer quiconque voudra agir contre le prince Bibesco. Le casino, le seul point de réunion, est fermé par la police sous le prétexte d’une dispute particulière qui avait eu lieu quelques mois auparavant.

Les jeunes gens se réunissent ailleurs, non plus pour faire la partie de billard ou de cartes, mais pour critiquer les actes du gouvernement qui vexe tout le monde et ne respecte rien. Dans une de ces réunions la conversation s’étant engagée sur l’opinion, ils se donnent le mot d’user de leur influence dans la société soit à la danse, soit à la conversation contre les hommes et les dames dont la conduite était déshonorante. Personne ne veut plus ni danser vis-à-vis ni saluer. Le major Lahovari, qui a fait battre par ordre du Prince une dame hanovrienne placée en qualité de gouvernante auprès des enfants de la Princesse, Jean Balatschano et Démètre Cretzoulesco sont mis à l’index à cause de leur ascendent sur la jeunesse.

La nouvelle de la révolution de février ne fait pas un grand effet, mais à la nouvelle de la révolution de Vienne toute la place de Bucarest est en émoi. Tout le commerce de Valachie se fait en grande partie par des traites de cette ville. Le Prince présenta à Constantinople cette inquiétude des négociants comme le symptôme d’un mouvement insurrectionnel et demande le pouvoir de sévir contre les perturbateurs de l’ordre.

Le prince de Moldavie en fait autant, mais il pousse plus loin. Il proclame vouloir connaître les réformes que le pays réclame. Cette opinion du chef est colportée de maison en maison par l’aga de la police de Jassy. En quelques jours, plus de mille propriétaires campagnards se réunissent à Jassy. Ils tiennent des séances publiques à l’hôtel de Regensbourg en présence de Stefanica Catargi, le logothète de l’Intérieur et de l’aga Prounco. Très grand nombre de grands boyards assistent et prennent part aux délibérations. Après plusieurs séances, une adresse au Prince est rédigée. Elle lui est présen­tée et il promit de répondre favorablement. Mais il demande à réfléchir.

D’autre part il ordonne à ses fils de marcher avec la milice et de s’emparer de quelques personnes. Au bruit de la générale que l’on sort dans toutes les rues, la mèche suée et au feu de file d’un bataillon d’infanterie, ridicule comédie s’il en fut jouée. On arrêta dix jeunes gens sans armes qui étaient réunis à faire la partie chez Alexandre Mavrocordato. Quelques autres sont arrêtés dans la nuit; on les maltraite et on les fait déporter à Matzin. Le Prince demande aussitôt au Consulat de Russie l’entrée de quelques régiments russes, qui ne sont pas accordés, et il donne à Constantinople le mérite d’avoir étouffé l’hydre révolutionnaire et su maintenir l’ordre.

Le prince Bibesco en est tout jaloux, car son confrère a su se rendre à très bon marché digne de la reconnaissance des gouverne­ments de l’Europe et il se décide aussi de se procurer sa petite révolution afin de se donner le mérite de la contenir.

Stefan Golesco, Eliad, Maghero et Tell jouissent de la confiance et de l’intimité du Prince; ils sont à cette époque successive­ment appelés et consultés. Le Prince réunit tous les jours son conseil extraordinaire, il se dit menacé et dresse des listes de proscription et d’exil. Il passe des nuits enfermé à la caserne de Mihai Voda.

Stefan Golesco, du consentement du Prince et après s’être entendu avec lui, va à sa terre de Golesti déclarer aux paysans qu’en Europe partout on accordait des droits aux paysans et qu’il était venu leur en accorder.

Eliad donne rendez-vous à tous les gens de la campagne et leur parle révolution en présence de Jean Mano, le chef de police de Bucarest, avec lequel il passe toutes ses soirées.

Maghero, administrateur du district de Romanatzi, vient à Bucarest recevoir ses instructions et il est chargé d’organiser un corps de pandours.

Le major Tell, commandant de bataillon en garnison à Giourgeo, l’officier de prédilection du prince Bibesco, se met en correspondance avec quelques personnes de la petite Valachie. Un administrateur mal­adroit intercepte une de ses lettres et court la montrer au Prince. En route pour Bucarest l’administrateur en parle à quelques amis et l’af­faire s’ébruite. Le prince est obligé d’envoyer son aide de camp, Nicolas Bibesco, pour arrêter Tell et l’amener à Bucarest; mais quelques jours après, le major Tell retourne à son bataillon.

Le général Duhamel et Talaat Efendi arrivent à peu de jours de dis­tance. La maison du général russe n’est pas fréquentée. On écrit sans réserve une petite chanson très spirituelle intitulée Duhai Duhai mei. Constantin Soutzo, Constantin Cantacuzène et Alexandre Ghica le vestiar vont souvent consulter et se concerter avec le commissaire russe; chez le commissaire de la Porte, on va plutôt par respect que pour lui exposer l’état du pays, car on doit lui parler par l’entremise de Mussuros ou de Moïssaki, et Nicolas Soutzo y est constamment présent.

Il y avait dans le pays un parti, en dehors du Prince et du Consulat de Russie, que l’on craignait peu, mais qui se tenait prêt à agir lorsque le moment serait favorable. Ce parti, dirigé par trois hommes tout-à- fait en dehors de l’action du gouvernement, du Consulat et des boyards, n’avait en vue que la fausse position politique du pays et les mauvaises institutions. Il cherchait à rétablir la position légale vis-à-vis de la Porte et à changer le Règlement. Les chefs de ce parti tout en pactisant avec Stefan Golesco et plus tard avec Tell et Eliad même, ils ne leur laissaient rien connaître de leurs actions. Ce parti tâchait surtout à contenir le mouvement et à ne pas le laisser éclater intem­pestivement. Il y réussit pendant trois mois, il voulait que la Porte en fut informée de l’état des choses. Ce parti décida d’en­voyer un homme à Constantinople, mais le Prince refusa constam­ment d’accorder un passeport. Ce ne fut que dans le mois de juin qu’il put obtenir la permission de partir. Il s’y rendit muni d’une adresse par laquelle les Valaques faisaient connaître à la Porte l’état véritable du pays, les véritables sentiments des Valaques et le parti que le gou­vernement ottoman pouvait tirer de la circonstance. 

Tel était l’état des choses, lorsque le Prince ordonna des arresta­tions générales dans la ville et les campagnes et réussit à précipiter le mouvement. Mais l’arme lui éclata dans les mains el la révolution ne put être étouffée et tournée à son avantage comme il l’avait espéré.

■BAR, Msse, Arhiva Ion Ghica, VI. Acte, f. 154-228v; paginaţia originală: p. 1-118.

Cornelia Bodea, Faţa secretă a mişcării prepaşoptiste române – Unitatea naţională, Editura Academiei române şi Editura Nestor, Bucureşti, 2004, pp. 225-279

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