1832
Dans le courant du mois d’Avril, le général Kissileff prend congé des boyards leur annonçant que les Princes seraient bientôt nommés, et confie les affaires au Consul général Ruckman. Les boyards ne savent pas s’ils doivent faire leur cour à Georges Philippesco ou à Stirbey; les dames de ces messieurs reçoivent avec confiance les félicitations qu’on leur adresse. Alexandre Ghica se trouvait depuis quelques mois à Vienne. Il se rend en Moldavie où les deux futurs Princes passent plusieurs semaines à écouter les conseils et les instructions du général Kissileff. Quelques difficultés s’élèvent à l’égard de Michel Slourdza, que le général se repent d’avoir recommandé. Il avait fait un coup à la Villara qui faisait beaucoup crier contre lui. Le général russe s’élait rejeté sur Rosnovano. Mais Michel Stourza était soutenu à Constantinople par le P-ce Vogoridis dont il avait promis d’épouser sa fille. C’est de Jassy que le général Kissiloff fait connaître officieusement aux Valaques le nom de leur nouveau Prince. Il écrit deux lettres, l’une adressée à Mme Balsche Philippesco à laquelle il lègue sa voiture et son attelage russe, l’autre à Mme Stirbey à laquelle il lègue sa provision de vin.
En quittant la Principauté, le général Kissileff laisse une dette de 9 millions de piastres, environ 300 mille ducats:
Le revenu de la Valachie était de 14 722 709 piastres
environ 450 000 #
Les dépenses 13 605 045
La caisse centrale 700 000
La caisse de réserve 1 924 000
L’exportation avait atteint 46 000 000 de piastres.
La maison Meitani qui faisait le plus d’affaires venait de se déclarer en faillite et la maison Sakélario menaçait de la suivre de près; le crédit était tombé au point que la Vestiarie empruntait à 18%.
Quoique non élus, Alexandre Ghica et Michel Stourdza sont reçus avec acclamation. Le prince Ghica s’entoure des hommes les plus éclairés et les mieux disposés. Mais d’autre part, le général Kissileff lui avait légué en partant la plupart des officiers russes qu’il avait employés soit dans l’administration, soit dans la milice, le prince est obligé de les placer dans des positions marquantes avec des grades élevés:
Mavros, comme inspecteur général des quarantaines des deux Principautés;
Soutzaki, comme secrétaire particulier du prince et membre du Divan d'Appel;
Picolo, comme censeur et inspecteur des écoles;
Banoff, de lieutenant de l’armée russe dans la milice valaque avec le grade de major et comme chef de la chancellerie militaire;
[Ch]eresco, de lieutenant de caval[erie] russe, il est reçu comme major et aide de camp du Prince; Blaremberg lieutenant passe comme major aide de camp du Prince; Grammont, de capitaine il passe comme colonel du Prince;
Iacowson, major passe colonel et aide de camp du Prince;
Odobcsco, lieutenant-colonel est reçu colonel commandant le régiment de cavalerie;
Garbaski, Engel, lieutenants sont reçcus comme majors comandants de bataillons;
Borozin, Posnanski, Economo, Scordili etc., de souslieutenants sont reçus comme capitaines; le premier comme aide de camp du Prince et les autres commandants des compagnies d’infanterie.
Peu de temps après son arrivée il est entièrement sous l’influence des Russes, s’éloigne petit à petit de ses anciens amis.
Son Ministère est le même aue le général Kissiloff lui a laissé, à l'exception de Georges Philippesco qu'il remplace par Michel Ghica et il appelle Vellara l’homme taré qu’il appelle aux Finances:
Michel Ghica à l’Intérieur,
Alexandre Philippesco à la Justice,
Constantin Ghica à la Spadarie,
Stirbey au Culte,
Bibesco à la Postelnicie,
Villara aux Finances,
Philippe Linche au Contrôle
Le Baron Ruckman, pour lequel le Prince témoignait d’abord de la répugnance, gagne tous les jours plus d’ascendant.
Le théâtre national fait des progrès rapides. On y joue du Corneille et du Racine. Alexandresco donne une excellente traduction en vers de Mérope et de Alzire de Voltaire. Arislias traduit en vers blancs plusieurs tragédies d’Alfieri. La plupart des comédies de Molière, de Beaumarchais el de Kotzebue sont jouées en valaque ainsi que les drames alors à la mode de Victor Hugo. Le prince Ghica, qui se réjouissait, le premier qui applaudissait auparavant à chaque nouveau pas, à chaque succès littéraire, l’un de ceux qui avait le plus contribué pour la fondation de la Société Philarmonique, semble contrarié et cherche à entraver la marche du théâtre national à tel point qu’il use ouvertement de son autorité pour lui nuire. Il encourage l’opéra allemand par de grands sacrifices d’argent et aucun des Valaques, bien en cour, n’ose aller à une représentation du théâtre valaque. Il persécute tous les hommes qui s’occupent de littérature même sans intention politique. Il ne récompense que les des qui lui sont adressées. Il aime le luxe et la représentation, où plutôt il singe le général Kissiloff. Son état major compte au moins vingts aides de camp portant les uniformes les plus chargés d’or qu’on puisse voir. Le colonel Grammont ne parle que de la cour de Louis XIV et de Louis XV. Le prince se donne beaucoup de ridicule et les mœurs se ressentent de sa manière d’être et celle des dames qui l’entourent.
Michel Ghica se pose en protecteur des arts et des sciences, il fonde une Société agricole par souscription pour faire pièce à la Société Philarmonique; Charles Rosetti y est chargé de maniement des fonds et on n’a jamais su montrer aux souscripteurs le moindre résultat, le moindre petit échantillon de quoique ce soit. Entièrement sous l’influence d’un charlatan grec Papadopoulos, Michel Ghica introduit des changements absurdes dans l’instruction publique.
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